Aller au contenu

Page:Pert - La Petite Cady.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vant, tu détruis comme de juste la coupe, à l’invisible ; mais, comme il ne faudrait pas que tu n’aies que de l’atout et que tu ne dois pas non plus en envoyer à ton adversaire, tu distribues en faisant glisser le dessous pour le ponte et le dessus pour toi, à l’excepte d’une ou deux cartes que tu t’envoies au hasard.

Cady opina, admirative :

— Ça doit être joliment difficile !

— Ah ! il ne faut pas avoir les doigts nickelés !… Tiens, je vais te montrer la conduite.

Et le petit garçon battit, tripota les cartes, fit couper, distribua et étala les deux mains retournées sur le tapis, faisant remarquer, triomphant :

— Tu vois… J’ai le roi d’atout, la dame, le dix et un sept… Toi, tu n’as que l’as seulement et des bûches. Tu n’as pas vu comment je faisais, hein ? C’est richement exécuté, pas ?

Cady sourit dédaigneusement.

— Pardi, il fait presque noir !…

Georges, piqué, courut à l’électricité qu’il fit jaillir.

— Eh bien, recommençons !…

Cette fois, penchée et attentive, Cady l’arrêta avec un cri.

Là, entre tes doigts !… J’ai vu que tu retenais une carte !…

— Tu as vu ?

— Oui, j’ai vu.

— C’est pas vrai !

— Si, c’est vrai ! C’était une dame de pique.

Dépité, le garçonnet jeta le paquet de cartes sur la table, grimaça piteusement et se mit à sangloter.

— C’est parce que j’ai la main trop petite ! balbutia-t-il avec désolation. Mais Paul a dit que, plus tard, je serai encore plus adroit que lui !…

Cady l’attira sur sa poitrine.

— Petit idiot, fit-elle tendrement, ne pleure pas. Et comme les larmes ne tarissaient pas dans les