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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/241

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tion… C’est exclusivement pour la santé de Baby que je me résous à quitter Paris à cette époque, et il ne faut pas que les études de ma fille aînée soient interrompues.

Le sang monta aux joues de Cady. Elle eut une sorte d’éblouissement.

Jusqu’alors, elle n’avait point mis en doute qu’elle fît avec sa mère et sa sœur le voyage décidé après la maladie de Baby. Elle s’en était follement réjouie et entassait silencieusement en elle-même mille projets radieux, que la phrase sèche de sa mère venait de culbuter…

Elle serra les dents et les poings, touchée comme par la douleur physique la plus aiguë, murmurant éperdue, exaspérée :

— Sale bête, va !…

Et, mue par un irrésistible besoin de vengeance, elle courut vers la chambre de sa mère, où elle se saisit de la boîte à secret dont elle fit jouer le ressort brutalement. Si les clefs ne s’y fussent pas trouvées, elle eût été capable d’essayer de briser la serrure du meuble, sans souci du bruit, du scandale possible…

Le trousseau était à sa place. Elle s’approcha du chiffonnier, ouvrit le tiroir sans hésitation. Elle connaissait l’écrin, qu’elle négligea de prendre, attachant avec une folle témérité le collier de diamants autour de son cou.

Elle referma le tiroir, remit les clefs dans leur cachette, et la rivière dansant sur sa poitrine, elle se précipita dans son appartement.

Mlle Lavernière, ayant congé pour la soirée, ne s’y trouvait naturellement point.

Cady ouvrit la fenêtre du cabinet de toilette et se mit à siffler bruyamment.

Au troisième appel, Georges parut.

— C’est toi, Cady ?

Elle répondit haut, sa voix résonnant entre les murs rapprochés.