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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/246

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XXVI

Quelques jours avaient passé, durant lesquels les fenêtres de Charlotte de Montigny demeurant obstinément closes, Cady n’avait pu avoir de nouvelles du petit Georges.

Du reste, il restait assez d’enfance en elle pour qu’elle se persuadât que tout avait dû s’arranger ; et sa propre déconvenue au sujet du voyage escompté et manqué l’absorbait complètement.

Bien qu’elle cachât orgueilleusement sa déception, elle ne pouvait en prendre son parti, et les préparatifs que l’on faisait, la joie banale de la petite Jeanne la jetaient dans un sombre désespoir.

Pendant trois jours, Mlle Armande, surprise et ravie, n’entendit pas une note de musique.

Cependant, le matin du départ de Mme Darquet et de Baby, que le député accompagnait pour quarante-huit heures, Cady se composa une attitude si habilement indifférente que nul n’eût pu deviner le désarroi, la souffrance, la désespérance, que masquait cette apparence correcte et naturelle.

Maria suivait sa maîtresse. Valentin fila un quart d’heure après les patrons. Clémence s’apprêta un déjeuner sommaire, en bougonnant, et demanda d’un tel ton de menace à Mlle Armande si elle ne se contenterait pas d’un dîner froid, qui permettrait à la cuisinière des courses urgentes, que l’institutrice se hâta de l’assurer qu’elle pouvait agir comme il lui conviendrait le mieux.

Après le déjeuner, Cady ayant refusé obstinément de sortir, Mlle Lavernière s’octroya un congé et ne revint qu’à la nuit tombante.

Les sons du piano frappèrent son oreille, et mal-