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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/255

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Elle savait que la sollicitude de sa mère n’avait pour but que de permettre au public de remarquer le costume gris du portrait et de provoquer la reconnaissance de l’original de la toile en vogue.

Depuis l’ouverture du Salon de la Société Nationale, Mme Darquet y venait pour la troisième fois, emmenant toujours Cady avec elle. En ce moment, la faveur de Baby avait une éclipse.

Arrivée à la salle où le tableau de Jacques Laumière se révélait de loin par la foule compacte qui se pressait devant lui, Mme Darquet, affectant une lassitude extrême, se laissa tomber sur le canapé central.

— Je suis déjà brisée ! déclara-t-elle haut. Ma foi, je vais attendre ici Laumière qui nous fera visiter les autres salles.

Mme Durand de l’Isle approuva avec son obséquiosité ordinaire.

— Oh ! ce sera délicieux !… Quelle bonne fortune pour moi que vous me permettiez de vous accompagner !…

Mme Darquet ne l’écoutait pas, rappelant durement sa fille qui s’écartait.

— Cady ! où vas-tu ?… Assieds-toi près de nous, tout de suite !

La fillette essaya de regimber.

— Mais maman, je peux bien regarder les tableaux de l’autre salle !… Ici, je les connais par cœur.

— Assieds-toi, je te dis ! ordonna Noémi, et ouvre ton pardessus. Tu es grotesque emmitouflée comme pour sortir en auto… Défais-toi, tu entends ?

Cady obéit avec tant de mauvaise humeur et de brusquerie que deux boutons du pardessus sautèrent.

Puis, elle se jeta sur le divan, repoussant son chapeau en arrière et croisant ses jambes gainées de soie noire.

— Là ! marmotta-t-elle entre ses dents, la pose y