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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/259

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serait peu généreux de votre part et pas du tout dans votre caractère d’exiger de ma reconnaissance que j’épouse une femme qui, je vous le dirai très franchement, m’inspire une aversion tout à fait insurmontable, toute séduisante, et probablement tout honnête et charmante qu’elle soit !…

Mme Darquet pinça les lèvres, vexée.

— Voilà qui est on ne plus net, j’espère !…

Il la regarda hardiment.

— J’ai une assez haute opinion de vous, madame, pour être certain que ma sincérité ma brutalité même — ne me nuira pas près de vous.

Elle se rasséréna, ne sachant pas résister à un compliment, sous quelque forme qu’il se présentât.

Et le sourire revenu sur ses lèvres, elle jeta ses amies par-dessus bord avec désinvolture.

— Écoutez, j’en suis désolée pour ces dames aux yeux de qui vous êtes le mari rêvé !… Mais, je vous aime trop pour vous en vouloir… Après tout, vous êtes libre de choisir une femme à votre gré !…

— Oh ! je vous assure qu’actuellement le mariage c’est le dernier de mes soucis !

Mme Darquet réfléchissait.

— D’ailleurs, Mme de l’Isle aura une compensation… Malifer nous quitte, pourvu d’une sous-préfecture, je déciderai Cyprien à donner sa place au frère de Fernande.

Renaudin s’inclina avec une gravité impeccable.

— Pour M. Darquet, ce sera une excellente acquisition.

Mme Darquet le menaça du doigt.

— Taisez-vous, mauvais pince-sans-rire !… Ce petit garçon n’a peut-être pas une intelligence hors ligne ni des moyens extraordinaires…

— Je le crois aussi !…

— N’importe ! il représente bien, et il a foi en lui, du moins en son avenir. C’est beaucoup.

Imperturbable, en apparence à cent lieues de