Aller au contenu

Page:Pert - La Petite Cady.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en elle-même. On la prendra par le sentiment.

Et elle fit trembler sa voix.

— Je suis désolée de votre chagrin, ma chère enfant… Mais j’essaierai de remplacer près de vous votre vieille amie.

Comme si elle eût flairé le piège, l’enfant examina l’institutrice d’un air sérieux et méfiant.

— Je vous remercie, mademoiselle, répondit-elle sans élan.

Maria, qui s’était absentée, rentra, portant des draps blancs. Elle annonça :

— Ce soir, il y a du monde à dîner, Cady, tu mangeras dans la salle de bain avec mademoiselle,

La fillette trépigna soudain, furieuse de la familiarité de la femme de chambre devant la nouvelle venue.

— Maria !… je vous défends de me tutoyer !.…

Maria ricana, sans s’émouvoir.

— Oh ! la la, qu’est-ce qu’il vous prend ? Du moment que Madame n’entend pas ! Vous n’êtes donc plus notre amie ?… C’est ça qui fera de la peine à Valentin !… Mais je parie que vous voulez bien qu’il vous tutoie, lui.

Pourpre, Cady répéta avec violence :

— Non, je ne veux pas !… Ni vous, ni lui…

Maria s’esclaffa.

— Regardez-moi cette petite furie ! Ça en a des idées, les enfants à riches ! Ma parole, ça se croit d’une autre pâte !.…

À la porte, elle goguenarda :

— Eh bien, ma fille, quand tu viendras après le dîner rafler les desserts, c’est moi qui te dénoncerai, tu peux y compter.

Cady se démenait exaspérée.

— Elle ment ! Ce n’est pas vrai !… Jamais je n’ai volé de dessert !…

Et soudain, elle éclata en sanglots, remuée jusqu’au fond de l’âme par cette injustice qui poursuit