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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/61

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Elle se releva d’un saut, essuyant ses larmes du revers de son bras.

— Toi, ne m’ennuie pas ! dit-elle avec langueur.

Un revirement total se faisait en elle. Ses nerfs s’étaient amollis ; elle se sentait telle qu’un chiffon.

Le domestique s’assit sur la chaise qu’elle avait arrosée de ses larmes, et l’attira contre lui.

— Viens me raconter ton chagrin, mon chou.

Elle ne s’offusqua point de cette familiarité et céda, docile.

Il avait passé les bras de la fillette autour de son cou à lui, et il la tenait debout entre ses genoux, ses deux mains la serrant à la taille :

— Allons, cause-moi, souffla-t-il, très sérieux, la respiration écourtée.

Cady se courba, appuya sa joue sur l’épaule du jeune homme, la tête alourdie, la pensée trouble, inexplicablement apaisée.

— Cause-moi donc, répéta-t-il avec une sorte d’impatience, l’étreignant plus étroitement. Elle demanda tout à coup, d’un accent timide et piteux :

— Dis-moi… Est-ce que je suis une petite fille ?

Il répondit, ses mains s’attardant à palper les hanches frêles.

— Dame, pour sûr !…

Elle insista, avec une coquetterie renaissante :

— Mais, une vraie petite fille ?… Ou presque une petite femme ?

Il tendit les lèvres avec un rire sensuel.

— Embrasse-moi, et je te le dirai…

Elle allait obéir, lorsque la voix aigre de Maria éclatant dans le corridor les fit se séparer précipitamment.

— Où te caches-tu donc, Valentin ?

Cady se jeta dans un retrait que protégeait le battant ouvert d’un placard.