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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/69

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VI

Le jeudi matin, Mlle Armande bâillait et se tournait dans son lit, sans courage pour se lever, quand elle s’aperçut que Cady était absente.

Par la porte entr’ouverte du cabinet de toilette venait un souffle glacé.

L’institutrice grommela.

— Qu’est-ce que cette enragée a encore inventé ?

Et elle se décida à revêtir un peignoir pour aller à la découverte.

Dans le cabinet, la fillette, penchée à la fenêtre, parlait avec animation. Cependant, elle dut saisir le bruit des pas sur le linoléum, car elle sursauta soudain, ferma la croisée avec précipitation et se tourna cramoisie et provocante.

— Avec qui causiez-vous ? interrogea Mlle Armande.

Elle répondit avec un étonnement simulé :

— Moi ?… Avec personne.

Les vives couleurs de son visage avaient déjà disparu ; elle recouvrait toute son impertinente audace habituelle. Mlle Armande fit un geste d’impatience.

— Cady, je suis très bonne pour vous, trop bonne, peut-être !… Car je tolère bien des choses contre lesquelles votre mère m’a recommandé d’être sévère !… Mais, en récompense, je dois au moins compter sur votre confiance !

La fillette la regarda ironiquement et prononça avec calme :

— Ce n’est pas par bonté que vous désobéissez à maman… C’est parce que vous la détestez, que vous avez peur des domestiques et que vous savez bien