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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/71

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son institutrice, levant sur elle des yeux brillants, pleins de mystère.

— C’est que, si ça vous embêtait autant que moi, il y aurait moyen de s’arranger pour passer une bonne journée autre part !…

Mlle Armande se récria, avec inquiétude.

— Ah ! quelle diablerie allez-vous encore proposer ?

— Rien de bien méchant, je vous assure ! On va jusqu’à l’Odéon… À la porte, on refile les billets pour cent sous au père Nicolas… et, en quelques tours d’auto, on est au Palais de Glace, où on retrouve mes cousines Serveroy.

— Ah ! fit Mlle Armande désarmée. Il est vrai que ce n’est pas pendable !

La fillette dansa, joyeuse.

— Vous voulez bien ?

— Et si votre mère l’apprenait ?

— Maman ?… Bon Dieu, comment voulez-vous ?… Elle est à la Chambre, maman, aujourd’hui, pour l’interpellation ; elle ne lâchera pas pied jusqu’à sept heures !

— Ah ! il y a une interpellation ?… De qui ? Pourquoi ?

Cady fit un geste dédaigneux.

— Dame ! vous ne lisez pas les journaux ! Tenez, un beau matin, nous serons ministre et vous ne vous en apercevrez pas s !

Sans insister, ayant conscience de son infériorité, Mlle Armande observa :

— Au fait… si nous brûlons l’Odéon, autant vaudrait n’y pas aller du tout…

Cady secoua la tête.

— Pas de blague !… Faut y aller, parce que c’est le sapin que prend toujours maman pour moi qui nous conduira, et il nous vendrait… Quant à l’auto… ce sera une chic auto, vous verrez !… et elle ne nous coûtera que cent sous de pourboire au chauffeur !