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Page:Pert - Le Bonheur conjugal.djvu/181

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ne laissait pas la possibilité à sa femme de se créer une existence à part, de se soustraire à la monotonie écœurante d’un intérieur où elle n’était que le prétexte à son activité à lui.

Elle était plus assujettie qu’une esclave en son désœuvrement obligatoire.

Étant jeune fille, elle avait sérieusement étudié le piano et elle possédait de remarquables dons musicaux. Libre, elle eût repris et poussé cette étude à fond, ce qui eût été un but, une occupation. Mais le piano énervait l’écrivain : elle avait dû l’abandonner.

Elle essaya de peindre. Lucien n’eut pas de cesse qu’il ne l’eût découragée. Ses plus désastreux essais eurent la littérature pour cadre. En cachette, elle commença un roman ; et, les premiers chapitres écrits, récrits, fignolés, lui semblant, ma foi, chose gentillette, elle les soumit à son mari… avec quelle émotion !… le cœur battant, soulevée du naïf espoir qu’il aurait enfin un cri, une surprise