Aller au contenu

Page:Pert - Le Bonheur conjugal.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le jour où je débarquai, je fus joyeusement accueillie sur le quai de la gare par Louis et sa femme qui m’attendaient, leurs « bécanes » en main. Je ne reconnus Suzanne qu’à grand’peine. J’avais vu, sous le voile de mariée, une petite créature mince, frêle, timide, aux cheveux cendrés, aux cils pâles, pour ainsi dire languissamment jolie ; je me trouvais en face d’une pétulante beauté, d’une boulotte au buste saillant corseté à la nouvelle mode si provocante, aux jolis mollets ronds découverts par la culotte cycliste, l’allure délurée, le teint rosi de poudre, les cheveux mousseux d’un blond ardent qui faisait paraître encore plus noirs l’arc sombre des sourcils et la frange épaisse des cils.

La femme de Louis avait aujourd’hui tout à fait la silhouette de ces entretenues de bon ton qui font les délices de provinciaux mariés ou de célibataires entre deux âges, tenus à un certain décorum.

Après les premières effusions — Suzanne