C’est à partir de cette dernière épreuve qui nécessita de ma part un travail prolongé et sérieux, que je devins quasiment imbattable. Le Tour de Belgique, je ne le nie pas, m’a préparé au Tour de France. N’avais-je pas acquis, en le disputant, l’habitude de la lutte à outrance. Et j’avais si bien acquis cette habitude que, dans Paris-Bruxelles, encore que la distance fut supérieure à toutes celles, exception faite pour Bordeaux-Paris, que j’avais couvertes jusque-là, je ne me trouvai jamais en difficulté.
On a écrit que c’était Vanhouwaert qui avait mené la danse toute la fin de la course, c’est inexact. C’est moi qui fis décoller Trousselier et Garrigou, c’est moi qui tentai tous les démarrages, et j’estime qu’il était de toute justice que la victoire me sourit dans cette épreuve au cours de laquelle je m’étais follement dépensé.
Quoi qu’il en soit, la besogne raisonnée que j’avais accomplie en solitaire, le soin avec lequel j’observai le régime auquel je m’étais abstreint, l’habitude de la lutte et aussi celle de la victoire, m’avaient superbement préparé au Tour de France.
Et c’est ainsi que je m’alignai le 13 juillet dernier.
Je me sentais fort et bien portant. Contrairement à ce qui se passait en moi les années précédentes, je n’éprouvai aucune appréhension et c’est avec la certitude de vaincre que je me laissai aller dès le signal d’Abran.
J’avais trois mois de préparation sévère devant moi ; durant quatre-vingt-dix jours je n’avais fait que ce que je devais faire. J’avais étudié sérieusement mon excellente machine Peugeot que je connaissais en ses moindres détails, que j’aimais, si j’ose m’exprimer ainsi, pour toutes les satisfactions qu’elle m’avait procurées : j’étais convaincu de l’excellence de mes pneus Lion ; c’était suffisamment pour que je ne redoutasse personne dans la grande épreuve de l’Auto.
Un dernier mot concernant mon régime.
Il ne suffit pas de se lever tôt et de se coucher de