Page:Petit - De la vipère et des moyens de remédier à sa morsure.djvu/7

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Cause essentielle d’un état morbide bien moins dangereux pour les animaux domestiques que pour l’homme, la vipère dut dans les premiers temps être chassée comme un animal dangereux, et sa piqûre l’objet des soins médicinaux plus ou moins absurdes connus alors. En effet, l’histoire nous apprend que depuis l’antiquité la plus reculée, ce serpent a inspiré à l’homme et à la plupart des autres êtres animés, des craintes justement fondées et une horreur insurmontable. La vipère se trouve au nombre de ces bêtes immondes, incommodes, qui bien loin de reconnaître leur souverain, l’attaquent à force ouverte et semblent n’exister que pour former la nuance entre le mal et le bien, afin de montrer à l’homme combien, depuis sa chute, il est peu respecté !

Pline, qui écrivit sur presque toutes les branches de l’histoire naturelle, et dont les travaux ne sont qu’une immense compilation dont il puisa les matériaux dans plus de deux mille volumes grecs ou latins tissus d’erreurs, dit que la vipère est le seul serpent qui se cache dans la terre ; elle y peut vivre une année entière, dit-il, pourvu qu’elle ne soit pas saisie par le froid ; pendant tout le temps de sa retraite, elle reste sans venin. Plus loin, l’immortel naturaliste de Côme dit que la vipère a été connue de tout temps. Les premiers peuples la redoutaient et lui faisaient une guerre acharnée ; il rapporte que la tête de la vipère, fût-ce une autre que celle par qui on a été mordu, s’applique toujours avec succès sur la plaie. Il en est de même du reptile tout entier suspendu avec une baguette à la vapeur de l’eau bouillante, parce qu’alors il prévient tout charme funeste. Nigidius va jusqu’à affirmer que les serpents reviennent nécessairement et naturellement vers celui qu’ils ont blessé. Telles étaient les croyances du temps !

Les Scythes fendaient la tête de la vipère pour en retirer