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NOTICE

qui l’instruiroient, lui administreroient les sacremens et célébreroient l’office divin selon son rit et dans sa langue. Ainsi tous les fidèles d’un diocèse ne durent composer qu’un seul corps, quoiqu’il leur fût permis de suivre des usages différens. Ces sages réglemens, qui concilioient la vraie tolérance avec l’unité des Églises, auroient sans doute rapproché les esprits, et détruit pour jamais le schisme, si Henri, qui pouvoit seul en assurer le succès, n’étoit pas mort un an après l’ouverture du concile.

Michel, despote d’Épire, dont Eustache, frère de l’Empereur, avoit épousé la fille unique, s’étoit depuis quelque temps brouillé avec son gendre, et les hostilités avoient recommencé sans succès marqués de l’un et de l’autre côté. Ce prince ayant été assassiné par un de ses domestiques, Théodore son frère lui succéda, poussa plus vivement la guerre, et s’empara de Durazzo et de l’Albanie : l’Empereur marcha contre lui avec une puissante armée ; les Français et les Grecs brûloient de vaincre sous ses ordres, mais la mort le surprit à Thessalonique, le 11 juin 1216, à l’âge de quarante ans. Une fin si prompte fut attribuée au poison. Quelques-uns en accusèrent l’impératrice, qu’il n’avoit épousée que par politique ; d’autres en accusèrent les Grecs : et cette conjecture, qui n’étoit appuyée par aucune preuve, contribua de nouveau à diviser les deux nations que l’Empereur avoit eu tant de peine à réunir. Henri régna dix ans neuf mois et vingt-deux jours. Malheureusement il ne laissa point d’enfans.

Ici finit, la splendeur passagère de l’Empire latin. Dans le récit qui suivra les Mémoires de Ville-Har-