Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
[1202] de la conqueste

plus utile, il y envoyra dix mille hommes à sa solde qu’il entretiendra l’espace d’un an : et tant qu’il vivra il y aura cinq cens chevaliers pour la garde de la terre d’outremer, qu’il entretiendra pareillement à ses despens. De tout cela, Seigneurs, nous avons plein pouvoir de vous passer traité, si vous l’avez agreable, et voulez bien vous y obliger. Au reste, jamais condition si avantageuse n’a esté offerte à personne ; de façon que nous pouvons dire veritablement que ceux-là n’ont pas grande envie de conquerir, qui refuseroient celles-cy. » Ils firent réponse qu’ils en aviseroient ensemble ; pourquoy ils prirent jour au lendemain, et quand ils furent assemblez on fit ouverture de ces propositions.

47. Elles furent fort discutées de part et d’autre, tant que l’abbé de Vaux-de-Sernay, de l’ordre de Citeaux, et le party qui desiroit la rupture de l’armée, déclarérent qu’ils n’y pouvoient consentir, dautant que c’estoit pour faire la guerre aux Chrestiens, et qu’ils n’estoient partis de leur pays pour cela, mais qu’ils vouloient passer en Syrie. A quoy l’autre party repliqua : « Seigneurs, vous n’ignorez pas que vous ne pourriez rien faire à present en Syrie, par l’exemple mesme de ceux qui nous ont quittez, et se sont embarquez aux autres ports. Mais bien vous devez sçavoir que si jamais la Terre Sainte est recouvrée, ce ne peut estre que par l’Egypte ou par la Grece ; de façon que si nous refusons ces traitez nous en serons blâmez pour jamais. »

48. Ainsi les esprits estoient divisez dans le camp : et ne faut pas s’estonner si la discorde estoit entre les lais, veu que les moines mesmes de l’ordre de