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[1203] de la conqueste

au camp, nos gens y arrivérent de toutes parts, et recoignérent si vivement les autres, qu’il y en demeura grand nombre de morts et de pris : si bien que la pluspart ne peurent regagner le chemin de la tour, ains se détournérent et se mirent dans les barques dans lesquelles ils estoient venus, et y en eut beaucoup de noyez ; les autres evadérent au mieux qu’ils peurent ; ceux qui pensérent se sauver à la tour furent talonnez de si prés, qu’ils n’eurent le moyen ny le loisir de fermer les portes sur eux. Ce fut là où fut le plus fort du combat, dont à la fin les nostres demeurérent les maistres, les enfonçans avec un grand carnage et prise des Grecs.

84. Ainsi fut le chasteau de Galatha emporté, et le port de Constantinople gagné de vive force, dont toute l’armée fut fort réjoüye, et tous en rendirent graces à Dieu ; au contraire ceux de la ville furent tres-déconfortez de cette perte, et non sans raison ; car le lendemain les vaisseaux, les galéres et les palandries y allérent surgir sans aucune résistance. Cela fait, ils tinrent conseil pour aviser à ce qui restoit à faire, et si l’on devoit attaquer la ville ou par terre ou par mer. Les Venitiens estoient d’avis de dresser les échelles sur les vaisseaux, et que tous les assauts se fissent par mer ; mais les François alleguoient qu’ils n’estoient pas si bien duits[1] ny si adroits sur mer comme eux : où quand ils seroient montez sur leurs chevaux, et armez de leurs armes, ils s’en acquitteroient beaucoup mieux sur terre. Enfin il fut resolu que les Venitiens livreroient l’assaut par mer, et que

  1. Duits, participe du verbe duire, signifie habile, expérimenté.