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AVERTISSEMENT

de digressions qui peuvent plaire à quelques curieux, mais qui détournent de l’objet principal, et souvent l’obscurcissent au lieu de éclaircir.

La première édition de Ville-Hardouin parut en 1585. Blaise de Vigenère, attaché à Ludovic de Gonzague, duc de Nevers, en fut l’éditeur, et, par ordre du prince, y joignit une traduction en langage moderne. À peu près à la même époque, Paul Ramusio, vénitien, fils de Jean-Baptiste Ramusio, secrétaire du conseil des Dix, composa en latin, par ordre de la république, une histoire de la conquête de l’Empire grec, où il fondit les Mémoires de Ville-Hardouin, dont son père possédoit un manuscrit. En 1601, une seconde édition de ces Mémoires fut faite à Lyon : on n’y admit que le texte, mais on parvint à l’épurer en consultant un manuscrit de la bibliothèque du Roi. Enfin, en 1643, le père d’Outreman, jésuite flamand, publia un ouvrage plus étendu, intitulé Constantinopolis Belgica, dans lequel, ne se contentant point de paraphraser le texte de notre auteur, et de raconter l’histoire des empereurs français, il prolongea son récit jusqu’à la prise de Constantinople par les Turcs. Ce fut d’après ces divers ouvrages, et d’après les historiens grecs et latins, que Du Cange entreprit son grand travail sur Ville-Hardouin, qui parut en 1657. Le texte y est plus épuré et plus complet que dans les éditions précédentes, et la traduction, presque littérale, conserve une naïveté qui retrace parfaitement le ton et les mœurs du treizième siècle.