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[1203] de la conqueste

estat de deffense, parce qu’ils ne se fioient pas entierement aux Grecs. Mais d’ailleurs diverses personnes arrivérent au camp, qui un, qui deux, qui racontérent et asseurérent les mesmes nouvelles : sur quoy les barons et les comtes et le duc de Venise aviserent d’envoyer dans la ville pour voir comme les choses s’y passoient, et, en cas que la nouvelle qui leur avoit esté debitée fut véritable, requerir l’empereur Isaac qu’il eût à ratifier les traitez et promesses faites par le prince son fils, à faute dequoy ils ne le laisseroient retourner dans la ville. Pour cette ambassade furent éleus de la part des François Mathieu de Montmorency et Geoffroy, mareschal de Champagne, et de la part du duc de Venise deux Venitiens. Ils furent conduits jusqu’à la porte, laquelle leur fut ouverte ; et y estans descendus de leurs chevaux, ils furent menez jusqu’au palais de Blaquerne, toutes les ruës par où ils passerent, depuis la porte de la ville jusques à l’entrée de ce palais, estans bordées d’Anglois et de Danois, armez de leurs hallebardes, que les Grecs y avoient rangez. Là ils trouvérent l’empereur Isaac si richement vestu, que malaisément on se pourroit persuader un prince plus superbement couvert : il avoit prés de luy l’Imperatrice sa femme, qui estoit une tres-belle et vertueuse princesse, sœur du roy de Hongrie, accompagnez au reste d’un si grand nombre de seigneurs et de dames magnifiquement vestus, qu’à peine on pouvoit s’y tourner : car tous ceux qui le jour precedent avoient esté contre luy estoient ce jour là sous son obeïssance.

96. Les ambassadeurs vinrent saluer l’Empereur et l’Imperatrice, qui les receurent avec grand honneur,