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[1204] de la conqueste

151. Là-dessus le duc de Venise, le comte de Blois, et les autres barons qui estoient à Constantinople, s’assemblérent au palais de Blaquerne, fort irritez contre ceux qui avoient ainsi broüillé l’Empereur et le marquis : et priérent Geoffroy de Ville-Hardoüin mareschal de Champagne, parce qu’il estoit bien venu du marquis, d’aller au siege d’Andrinople pour trouver moyen d’appaiser ce differend s’il pouvoit, estimans qu’il y auroit plus de facilité qu’aucun autre. Il accepta cette charge sur leur priere, et mena avec luy Manassés de L’Isle l’un des vaillans chevaliers de l’armée, et des plus aymez. Ils partirent ainsi de Constantinople, et firent tant qu’ils arrivérent à Andrinople, où le siége estoit. Le marquis, ayant eu avis de leur arrivée, alla au devant pour les recevoir, accompagné de Jacques d’Avesnes, Guillaume de Champlite, Hugues de Colemy, et Othon de La Roche, qui estoient les principaux de son conseil, et les receut avec grand accueil, leur faisant tout l’honneur possible.


152. Geoffroy mareschal de Champagne, qui estoit fort bien auprés de lui, et avoit part en sa confidence, le reprit aigrement de ce qu’il avoit entrepris si legerement de se jetter sur les terres de l’Empereur, et d’assieger ses gens dans Andrinople, sans s’en estre plaint auparavant à ceux qui estoient demeurez à Constantinople, qui luy eussent bien fait reparer le tort que l’Empereur luy pouvoit avoir fait. Le marquis s’en excusa fort, alleguant que l’injustice dont l’Empereur avoit usé en son endroit l’avoit obligé à