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[1204] de la conqueste

lequel ils s’en retournérent tous gays et joyeux à Modon.

176. De là poursuivans leur victoire, ils allérent assieger Coron, qui est une place assise sur la mer, laquelle leur fut renduë peu de temps aprés. Guillaume de Champlite en fit don à Geoffroy de Ville-Hardoüin qui luy en fit hommage, et y mit garnison de ses gens. Aprés la prise de Coron ils tirérent outre à un chasteau appellé Chalemate[1], beau et fort au possible, qu’ils assiegérent pareillement : ce chasteau les travailla beaucoup, et tint long-temps ; mais à la fin il leur fut rendu, et les Grecs du pays ébranlez de cette prise commencérent à se rendre aux nostres en plus grand nombre qu’ils n’avoient fait par cy-devant.

177. Cependant le marquis Boniface estoit tousjours devant Naples, sans qu’il y avançât beaucoup, la ville estant extraordinairement forte, et son armée y souffrant beaucoup d’incommoditez. D’autre part le siege de Corinthe, où il avoit laissé Jacques d’Avesnes, alloit en longueur, Leon Sgure qui estoit dedans la place, la defendant vigoureusement : et comme il estoit homme prudent et subtil, s’estant apperceu que les François, qui estoient en petit nombre, se tenoient mal sur leurs gardes, dans un matin il fit une sortie et donna dans leur camp jusques dans leurs tentes, et en tua un grand nombre avant qu’ils pûssent prendre les armes, entre autres Dreux de Sainct Truien, vaillant chevalier, dont la mort causa grand dueil dans l’armée. Le chef mesme Jacques d’Avesne y fut

  1. Chalemate, aujourd’hui appelée Calamata.