marquable, avoit compté deux de ses frères au nombre des Césars de l’Empire grec[1]. Le marquis accepta sans balancer la proposition qui lui fut faite ; peu de temps après il vint à Soissons, où il reçut la croix des mains de Foulques et de l’évêque de cette ville. Après s’être concerté avec Ville-Hardouin et les autres seigneurs français, il retourna en Italie pour mettre ordre à ses affaires, et promit de se trouver à Venise à l’époque fixée pour le départ.
Pendant l’hiver de 1201 à 1202, les Croisés firent tous leurs préparatifs, et s’efforcèrent d’attirer sur eux la protection du Ciel par des aumônes et des fondations pieuses. Ville-Hardouin fit don à l’église de Quincy d’une terre qu’il possédoit près le Puy de Chazerais ; il donna aussi à la chapelle de Saint-Nicolas de Brandonvilliers une partie de dîme qu’il avoit à Longueville. Sa femme et ses enfans l’exhortoient à ces bienfaits envers l’Église, espérant que Dieu leur conserveroit un époux et un père qu’ils ne devoient plus revoir. Sa famille se composoit de deux fils et de deux filles : Érard et Geoffroy, n’étant pas encore en âge de porter les armes, restèrent dans le château de leur père ; Alix et Daméronis furent confiées à leurs tantes, et, à leur exemple, prirent le voile, l’une dans le couvent de Froyssi, l’autre dans l’abbaye de Notre-Dame de Troyes.
Ville-Hardouin, avant de partir, partagea ses soins entre sa famille et la veuve de son seigneur. Il promit,
- ↑ Les deux frères aînés du marquis de Montferrat étoient Reinier et Conrad. Le premier épousa Marie, fille de l’empereur Manuel Comnène ; le second, Théodora Angela, sœur des empereurs Isaac et Alexis.