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[1205] de la conqueste

202. Ils apprirent en chemin comme les autres la deffaite de l’Empereur et de ceux qui estoient avec luy ; et, tenans la route de Rodosto, vinrent loger au bourg de Cartacople, où le prince Henry estoit desja arrivé. D’abord les uns et les autres, croyans reciproquement que ce fussent Grecs, coururent aux armes ; mais s’estans approchez de plus prés, ils s’entre reconnurent et se firent grand accueil, ravis de se voir joints, et par ainsi plus asseurez qu’ils n’estoient. Ils couchérent cette nuit en ce bourg, et le lendemain en partirent prenans le chemin de Rodosto, où ils arrivérent sur le soir, et trouvérent le duc de Venise, le mareschal, et, les autres qui estoient eschappez du combat, qui furent bien aises de les voir. Il y eut dans cét abord beaucoup de larmes versées pour la perte de leurs amis arrivée en la derniere bataille. Ce fut un grand malheur pour la chrestienté de ce que toutes ces trouppes ne se trouvérent avec celles de l’Empereur au siege d’Andrinople : sans doute cette deffaite n’auroit esté ; mais Dieu ne le permit pas. Ils sejournérent là le lendemain et le jour ensuivant pour donner ordre à leurs affaires. Et fut lors arresté que Henry, frere de l’empereur Baudoüin, gouverneroit l’Estat comme bail et regent de l’Empire. Pendant qu’ils estoient à Rodosto, il arriva un grand desastre aux Armeniens qui avoient suivy le frere de l’Empereur, ayant esté tous mis à mort ou faits prisonniers par les Grecs du pays qui estoient assemblez pour leur courre sus.

203. Cependant le roy de Bulgarie avec son armée s’estoit rendu maistre de tout le pays ; toutes les villes et chasteaux se declaroient pour luy. Les Comains