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[1206] de la conqueste

et les Valaches firent de là des courses jusques prés des portes de Constantinople, où le régent Henry estoit avec le peu de gens de guerre qu’il avoit, fort triste et affligé de ce qu’il n’estoit assez puissant pour empescher le saccagement de ses terres, et se deffendre de ses ennemis, et particuliérement des Comains, qui enlevérent tout le butin, hommes, femmes et enfans qui se rencontrérent dans le plat pays, et mirent par terre toutes les villes et chasteaux, faisans tous les degasts imaginables, et les plus grands dont on ait jamais oüy parler.

220. Ils vinrent par après à une autre ville nommée Athyre, qui est à douze lieuës de Constantinople, qu’Henry frere de l’Empereur avoit donnée à Payen d’Orléans. Il y avoit lors grand nombre de gens, la pluspart de ceux du plat pays s’y estans refugiez : l’ayans attaquée, ils la prirent par force, et y commirent plus grand carnage qu’en pas une autre des villes où ils avoient esté. C’est ainsi que le Bulgare traitoit toutes les villes et les chasteaux qui se rendoient à luy, les faisant razer, et entrainant les habitans prisonniers en Valachie, sans leur tenir aucun traité ; en sorte que, cinq journées aux environs de Constantinople, il ne restoit aucune place qui n’eût couru la mesme fortune, sauf Bizye[1] et Selyvrée, qui avoient garnison françoise. Anseau de Cahieu estoit en celle de Bizye avec environ six vingt chevaliers, et Machaire de Saincte Manehoud en celle de Selyvrée avec cinquante, Henry frere de l’Empereur estant demeuré avec le surplus des trouppes à Constanti-

  1. Bizye, ville de Thrace.