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de l’empire latin.

ne consistoit plus que dans les villes de Tyr et de Saint-Jean-d’Acre, la main de Marie, fille de Conrad de Montferrat et de la reine Isabelle. C’étoit le plus noble appel qu’on pût faire à son courage. Il y répondit par de hauts faits d’armes dans la Palestine et dans l’Égypte ; mais, ayant pris pour gendre l’empereur d’Allemagne Frédéric ii, il trouva dans ce prince son plus grand ennemi. Frédéric, pouvant disposer de forces considérables, lui fit une guerre opiniâtre et le dépouilla de ses États. Pour comble de malheur, Brienne perdit à la même époque la Reine sa femme, dont il tiroit tous ses droits à la couronne. Les revers ne le décourageant pas plus que les succès ne l’avoient enivré, il vint en France pour demander des secours, n’en obtint pas, et partit pour l’Espagne, où il contracta de nouveaux liens avec Bérengère, fille d’Alphonse, roi de Castille. Après avoir, inutilement essayé de recouvrer son royaume, il s’étoit retiré en Italie, avoit passé au service de Grégoire ix, et faisoit la guerre à son gendre dans le royaume de Naples. Il étoit alors âgé de plus de quatre-vingts ans, mais sa vieillesse étoit pleine de vigueur, et les seigneurs de Constantinople croyoient voir revivre en lui un autre Dandolo.

Ils envoyèrent des députés au pape Grégoire ix pour obtenir de lui qu’il autorisât Jean de Brienne à recevoir la couronne de Constantin. Le Pape y consentit avec joie, et l’on n’eut plus qu’à délibérer sur les conditions. Il fut convenu que Jean de Brienne seroit couronné empereur, qu’il adopteroit le jeune Baudouin, auquel il donneroit sa fille Marie, qu’il avoit eue de Bérengère ; que ce prince seroit son successeur immédiat, et que ses autres héritiers auroient