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décadence

des conquêtes faites par Théodore, étoit encore puissant. Manuel s’empara du pouvoir, prit le titre de despote, et, profitant de l’ascendant que sa nouvelle épouse avoit sur le roi des Bulgares dont elle étoit la fille, il obtint de ce prince une paix avantageuse. Il fit en même temps tous ses efforts pour fléchir Grégoire ix, qui, lors de l’avènement de Brienne au trône impérial, avoit excommunié Théodore. Non-seulement il lui soumit son Église, mais il poussa la déférence jusqu’à le reconnoître comme son seigneur temporel.

Cette guerre sauva Constantinople, qui, n’ayant pour maître qu’un enfant en bas âge, n’auroit pu résister aux efforts réunis du prince d’Épire et du roi des Bulgares. Asan, porté naturellement à la paresse et à l’inconstance, sembla s’endormir sur ses lauriers, et se contenter de ses nouvelles conquêtes.

Jean de Brienne, ayant enfin terminé tous ses préparatifs, disposa son départ pour Constantinople. La route de terre n’étoit pas sûre, malgré les démonstrations pacifiques de Manuel, dans les États duquel il falloit passer. L’Empereur s’embarqua sur une flotte vénitienne de quatorze vaisseaux, et arriva sans obstacle dans sa capitale, où il étoit impatiemment attendu. [Septembre 1231.]

Mais toute cette réputation de sagesse, de valeur et de constance, qui l’avoit porté à l’Empire, s’évanouit aussitôt qu’il fut sur le trône. Soit que la vieillesse eût affoibli son caractère ; soit que les Français, trop enthousiasmés d’abord des anciens exploits de ce prince, eussent passé rapidement à un sentiment tout opposé et peut-être injuste, on lui reprocha de ne