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de l’empire latin.

qu’ils ont promis de donner en cas de succès. Ce signal se fait attendre, et le César fort inquiet parle déjà de se retirer. Le chef des paysans, désespéré de cette résolution, se fait mettre aux fers, et répond sur sa tête de la prise de la ville. Le César se rassure. Enfin la porte s’ouvre, et un prêtre, nommé Laceras, donne du haut des murs le signal convenu : Victoire aux empereurs Michel et Jean ! Les troupes grecques s’avancent lentement dans les rues au milieu des ténèbres de la nuit ; quelques habitans se réveillent, paroissent aux fenêtres, et se demandent la cause de ce mouvement. En arrivant dans un quartier écarté, le César aperçoit de loin un corps de troupes françaises dont la lune faisoit briller les armes : l’obscurité et la crainte le lui représentent plus considérable qu’il n’est en effet ; il craint d’être tombé dans un piége, et veut donner des ordres pour une prompte retraite. Les paysans le rassurent encore, et sans attendre aucun commandement ils se précipitent sur les Français, qu’ils surprennent et dispersent. Baudouin, réveillé par le tumulte, perd aussitôt toute espérance, et ne songe qu’à fuir. Il quitte le palais de Blaquernes, court dans le plus grand désordre au palais de Bucoléon voisin de la mer, perd en chemin son diadême, son épée, et s’embarque précipitamment. Les paysans s’emparent du diadême, l’attachent au bout d’une pique, prouvent au César qu’il est vainqueur ; et ce général, si favorisé par la fortune, se trouve, presque malgré lui, le restaurateur de l’Empire grec.

Cependant, maître de la ville et de tous les forts, il craignoit encore le retour de la flotte française. Le général qui la commandoit, instruit de la tentative des