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NOTICE

Vénitiens procédèrent à la nomination des électeurs. Suivant la convention qui avoit été faite, chaque nation en fournit six. Ils se réunirent dans la chapelle du palais qu’occupoit le doge. Pendant la séance, qui fut longue, une foule immense de Français, de Vénitiens et de Grecs, entouroient le palais, et attendoient avec impatience quel seroit le maître qui alloit leur être donné. Enfin, Nevelon, évêque de Soissons, l’un des prélats qui s’étoient couverts de gloire à la prise de la ville, parut sur le péristyle, et annonça que le choix des douze électeurs s’étoit fixé sur Baudouin, comte de Flandre. La place retentit d’applaudissemens, et Baudouin fut sur-le-champ proclamé Empereur.

Avant l’élection, des conventions secrètes avoient eu lieu entre les deux principaux candidats. Leurs amis communs, parmi lesquels se trouvait Ville-Hardouin, craignant le mécontentement de celui qui ne seroit pas nommé, avoient obtenu d’eux que le premier acte du pouvoir de l’Empereur seroit de donner à son concurrent la partie de l’Empire située au-delà du canal, et l’île de Candie, à la charge d’en faire hommage suivant la loi des fiefs. Baudouin s’empressa de remplir cet engagement à l’égard du marquis de Montferrat, qui parut partager sincèrement l’allégresse publique.

Trois semaines après, la cérémonie du couronnement eut lieu dans l’église de Sainte-Sophie avec toute la pompe d’usage : les principaux seigneurs, au nombre desquels on remarquoit Montferrat, portèrent Baudouin sur un bouclier. Ils étalèrent une magnificence qui éblouit les yeux même des Grecs : tous