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sairement de bonne heure le goût du travail, et qu’il lui auroit été difficile d’en contracter plus tard l’habitude, au milieu du tumulte des camps et des plaisirs de la Cour.

Au commencement du mois de novembre 1464, il fut amené à Lille, et présenté à Charles, comte de Charolois[1], qui le prit à son service[2]. Il avoit alors dix-neuf ans. Peu de temps après son arrivée, le comte de Charolois, ligué avec le duc de Bretagne et avec les seigneurs français mécontens du gouvernement de Louis XI, entra en France, et commença la guerre connue sous le nom de guerre du bien public. Comines le suivit dans cette expédition, dont il a fait une relation détaillée. Après le traité de Conflans, par lequel Louis trompa les princes ligués contre lui, en paroissant leur accorder plus qu’ils ne demandoient, Comines retourna en Bourgogne avec le comte de Charolois, qui l’avoit distingué parmi ses autres serviteurs, et admis dans son intimité. Jacques Marchand rapporte, sur le témoignage d’un vieillard contemporain, que Comines, revenant de la chasse avec le comte, s’oublia jusqu’à dire à ce prince de le débotter ; que Charles lui tira effectivement ses bottes et l’en frappa au visage, en lui disant : « Comment, coquin, tu souffres que le fils de ton maître te rende un si vil service ? » Il ajoute que depuis cette aventure Comines fut surnommé la tête bottée. L’anecdote

  1. Charles, comte de Charolois, fils unique de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, lui succéda en 1467.
  2. Mémoires de Philippe de Comines, liv. I, chap. I. Paquot rapporte que le comte de Charolois accorda au jeune Comines une pension de six mille livres.