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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/113

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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS.

de Châtillon, l’un des plus braves chevaliers après Sargines, défendit long-temps presque seul la rue où Louis étoit logé ; il fut tué. Philippe de Montfort, qui vint le remplacer avec les débris de l’arrière-garde, entra en accommodement avec l’émir qui commandoit les Sarrasins. Une trève alloit être obtenue, lorsqu’un des hérauts d’armes nommé Marcel, troublé sans doute par le danger que couroit son maître, vint dire que le Roi ordonnoit de se rendre.

Cet ordre, qui n’avoit pas été donné, rompit la négociation. Louis et ses deux frères les comtes de Poitiers et d’Anjou furent arrêtés et conduits à Masoure. L’oriflamme tomba au pouvoir des ennemis. Les malades qui s’étoient embarqués furent massacrés ou faits prisonniers. Le légat seul put arriver à Damiette, où il instruisit la reine Marguerite des affreux désastres que les Croisés venoient d’éprouver.

Cette princesse, enceinte et sur le point d’accoucher, ne tomba point dans le découragement. Persuadée que la conservation de Damiette pouvoit seule assurer la délivrance de son époux, elle pourvut avec beaucoup d’habileté à la défense de cette ville. Les fortifications en furent réparées par son ordre, et elle prit à sa solde plusieurs Génois et plusieurs Pisans qui, s’étant croisés à leurs frais, vouloient s’embarquer. Mais si la Reine affectoit de la sérénité lorsqu’elle paroissoit en public, ses inquiétudes n’en étoient que plus fortes quand elle rentroit dans la solitude de son intérieur. N’ayant pour garder sa chambre qu’un vieux chevalier de plus de quatre-vingts ans, elle exigea sa promesse qu’il la tueroit, si les Sarrasins s’emparoient de la ville et vouloient la