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TABLEAU

fait prêcher une nouvelle croisade, et la Régente désespérée ordonne des armemens en France.

Dans ce moment de désolation, un aventurier, profitant de l’émotion qui régnoit partout, voulut tenter une révolution. Job, né en Hongrie, déserteur de l’ordre de Citeaux, se montra dans quelques villes de Flandre, et prêcha une croisade d’une espèce nouvelle. Il soutenoit qu’il n’appartenoit ni aux nobles, ni aux prêtres de délivrer Jérusalem, et que cet honneur étoit réservé aux bergers. Un grand nombre de paysans se réunirent autour de lui, et prirent le nom de Pastoureaux. À la tête de trente mille hommes, Job entra dans Amiens. Animé par ses premiers succès, il y déclama avec violence contre les seigneurs, et surtout contre la Cour de Rome, qu’il appeloit la Babylone moderne. Son armée s’étant accrue d’une multitude de vagabonds et de femmes perdues, il vint à Paris, où Blanche, trompée par de faux rapports, le laissa entrer, croyant qu’il seroit possible de former de ces fanatiques une armée régulière avec laquelle on délivreroit son fils. Les Pastoureaux se livrèrent à toute sorte d’excès. Leur chef, habillé en évêque, prêchoit dans les églises, confessoit, rompoit des mariages, et portoit partout le désordre. L’Université menacée, se barricada dans ses collèges. La Régente manquant dans ce moment de troupes disponibles, ne put que laisser passer ce torrent. Les Pastoureaux, après avoir mis Paris à contribution, et y avoir fait de nombreuses recrues, se dirigèrent vers Orléans, au nombre de cent mille. Ils y commirent des crimes, et quelques prêtres furent jetés par eux dans la Loire. Ensuite ils allèrent à Bourges.