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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

prétendoit en être injustement dépouillé. Il y fît transporter des grains à ses frais. « Il est juste, disoit-il, que j’assiste dans leur détresse, ceux qui m’assistent dans leur abondance. » On doit remarquer que toutes ces largesses ne se faisoient pas aux dépens des peuples des autres provinces. Les rois de France étoient alors propriétaires de vastes domaines qui servoient seuls à l’entretien de leur cour. Ils s’imposoient des privations lorsqu’ils vouloient être généreux, et donnoient véritablement ce qu’ils donnoient.

Jusque là, pour s’assurer que la justice étoit exactement rendue dans ses domaines, Louis s’étoit contenté, comme ses prédécesseurs, d’envoyer des commissaires chargés de surveiller les sénéchaux et les baillis. Il voulut remplir lui-même cette auguste fonction. Ce fut l’objet des voyages continuels qu’il fit depuis dans ses États. À son approche, les opprimés reprenoient courage, les foibles comptoient sur une protection puissante, et les hommes en place s’empressoient de réparer les abus d’autorité. Les dépenses de ces voyages n’étoient nullement onéreuses aux peuples des villes et des campagnes. Un prélat, (c’étoit ordinairement l’archidiacre de Paris), et un seigneur honoré de la confiance du Roi, suivoient la cour de quelques journées. Ils s’informoient dans tous les lieux où elle avoit logé, si quelques dégâts avoient été commis. Ces dégâts étoient aussitôt réparés des deniers du prince, sans que ceux, dit Mézerai, qui étoient grevés, eussent seulement la peine de demander justice, bien loin de se consumer en frais extraordinaires pour l’obtenir.

Outre les juridictions ordinaires des sénéchaux et