Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

faire jouir ses sujets ; il l’auroit empêchée, s’il ne l’avoit crue juste. La Reine n’étoit pas bien avec sa sœur Béatrix : elle étoit jalouse de ce qu’étant sa cadette, elle eut hérité du comté de Provence.

L’expédition de Naples offroit beaucoup de difficultés. La puissance de Mainfroy paroissoit affermie. Il avoit pour allié l’empereur Michel Paléologue, devenu maître de Constantinople ; un corps nombreux d’excellentes troupes mahométanes étoit à sa solde ; il étoit soutenu par plusieurs seigneurs allemands, et par tous les Gibelins d’Italie.

Charles, accompagné de son épouse, partit de Marseille, en 1265, avec une flotte de quatre-vingts voiles. Débarqué à Civita-Vecchia, il occupa bientôt Rome, où il fut reconnu comme sénateur. Le Pape étoit alors à Pérouse, et n’osoit en sortir. Mainfroy tenta, mais vainement, de surprendre Rome. Ensuite il essaya de faire empoisonner son rival ; mais ce complot fut découvert, et les coupables punis. Cependant Charles étoit vivement pressé par les troupes de Mainfroy, et ses projets auroient peut-être échoué, si une nouvelle armée levée en France, où l’on prêchoit toujours la croisade, ne fût venue augmenter ses forces. Cette armée traversa l’Italie, et se grossit d’une multitude de guelfes. Lorsqu’elle fut arrivée, le Pape délégua cinq cardinaux qui couronnèrent Charles et son épouse dans l’église de Saint-Pierre.

Quelques jours après cette cérémonie, le prince français se mit en campagne et marcha sur Naples. Le pont de Cepérane, sur le Garigliano, qui séparoit le royaume de Naples de l’État ecclésiastique, étoit un poste très-fortifié. Charles l’emporta presque sans ré-