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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

devoit donner une escorte à ceux qui, sur-le-champ, demanderoient à se retirer dans le royaume de Jérusalem.

Ainsi nous avons conclu cette trêve avec le Sultan, et nous l’avons cimentée l’un et l’autre par des sermens. Déjà le Sultan éroit en marche avec son armée pour venir à Damiette, où toutes les conditions du traité devoient être exécutées, lorsque Dieu a permis un grand événement. Quelques soldats sarrasins, appuyés par la majorité de l’armée, se sont précipités sur le Sultan, le matin, lorsqu’il sortoit de table, et lui ont fait de grandes blessures. Ils l’ont tué à coups de sabre au moment où il quittoit sa tente pour se sauver ; et cela, en présence de presque tous les émirs et d’une multitude de Sarrasins. Après cet attentat, plusieurs soldats, encore enflammés de fureur, sont venus dans notre tente, comme s’ils vouîoient, ainsi que l’ont craint plusieurs des nôtres, nous faire périr avec tous les Chrétiens. Mais la clémence de Dieu a calmé leur colère : ils se sont bornés à requérir avec instance l’exécution du traité fait avec le Sultan. Après beaucoup de menaces, il a plu au Seigneur, ce père des miséricordes, ce consolateur des affligés prêt à exaucer ceux qui l’implorent, que nous confirmassions ce traité, et que nous reçussions le serment que ces hommes ont prêté, suivant les formules de leur religion. Nous avons en même temps fixé l’époque où les captifs seroient délivrés, et où Damiette seroit rendue.

Ce n’est pas sans regret que nous avons fait ce traité, d’abord avec le Sultan, ensuite avec les soldats ; mais nous savions d’une manière certaine qu’il étoit impossible de conserver Damiette. Ainsi, d’après le conseil des barons de France, nous avons mieux aimé, pour l’utilité de la chrétienté, rendre cette ville que nous ne pouvions plus défendre, que d’exposer la vie de nos chevaliers et de nos soldats. Le jour fixé, les émirs ont été mis par nous en possession de la ville de Damiette, et ils ont délivré nous, nos deux frères, les comtes de Bretagne, de Flandre, de Soissons, ks barons, les chevaliers, tant du royaume de