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DE SAINT LOYS.

Sire, il nous semble que vous faites ung grant mal à vostre royaume, de la terre que vous donnez et laissez à ce roy d’Angleterre : et nous semble bien qu’il n’y a aucun droit, parce que son pere la perdit par jugement. » A quoy respondit le bon Roy qu’il savoit bien que le roy d’Angleterre n’y avoit point de droit. Mais il disoit que à bonne cause il la luy devoit bien donner, disant ainsi : « Nous deux avons chacun l’une des deux sœurs à femme, dont noz enfans sont cousins germains ; parquoy il affiert[1] bien qu’il y ait paix et union. Et m’est grant plaisir, dist le Roy, d’avoir fait la paix avecques le roy d’Angleterre, pource qu’il est à present mon homme, ce qu’il n’estoit pas devant. »

La loyauté du bon Roy a esté assez congnuë ou fait de monseigneur Regnault de Troie[2], lequel apporta à icelui saint homme unes lettres, par lesquelles il disoit qu’il avoit donné aux hoirs de la contesse de Boulongne, qui puis n’aguère estoit morte, la conté de Dammartin. Desquelles lettres les seaulx du Roy, qui autresfoiz y avoient esté, estoient tous brisez et cassez : et n’y avoit plus desdiz seaulx que la moitié des jambes de l’image du seel du Roy, et le chantel[3] surquoy le Roy avoit les piedz. Et le Roy monstra lesdites lettres à nous qui estions de son conseil, pour le conseiller en ce. Et tous fusmes d’opinion que le Roy n’estoit tenu à icelle lettre mettre à exécution, et qu’ilz ne devoient joir dudit conté.

  1. Il affiert : il convient, il faut.
  2. Regnault de Troie. Il faut lire Regnault de Trie. Il s’agissoit de la succession de Mathilde, comtesse de Boulogne.
  3. Le chantel, ou chanteau : le côté du sceau où les pieds du Roi devoient être.