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DE SAINT LOYS.

sainte, et là fist de tres-grans faiz d’armes sur les Mescreans et Sarrazins ; tant qu’ilz le doubterent[1] si fort, ainsi qu’il est escript ou livre de l’Istoire du veage de la sainte Terre, que quant les petiz enfans des Sarrazins crioient, leurs meres leur disoient : « Taisez-vous, taisez ; veez cy[2] le roy Richart qui vient vous querir. » Et tantoust de la paour que iceulx petiz enfans sarrazins avoient seullement de oir nommer le roy Richart, ilz se taisoient. Et semblablement quant les Sarrazins et Turcs estoient à cheval aux champs, et que leurs chevaulx avoient paour de quelque umbre ou buisson, et qu’ilz s’en effraioient, ilz disoient à leurs chevaulx en les picquant de l’esperon : « Et cuides-tu que ce soit le roy Richart ? » Qui est clerement à demonstrer qu’il faisoit de grantz faitz d’armes sur eulx, quant il estoit si craint. Celui roy Richart tant pourchassa par ses beaux faiz, qu’il fist donner à femme au conte Hanry de Champaigne, qui estoit demouré avecques lui, comme ay dit devant, la royne de Jerusalem. Et eut icelui Hanry de Champaigne de la Royne sa femme deux filles, dont la premiere fut royne de Chippre, et l’autre eut à femme messire Ayrart de Brienne, dont grant lignaige est issu, ainsi qu’il appert en France et en Champaigne. De la femme de mondit seigneur Ayrart de Brienne ne vous dirai-je à présent riens, ainçois vous parleray de la royne de Chippre, pour ce qu’il est licite et convenable à continuer ma matiere. Et dirons ainsi.

Aprés que le bon Roy eut subjugué et vaincu le

  1. Doubterent : redoutèrent.
  2. Veez cy : voici.