Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/214

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Connie ; et avoient assez puissance l’un pour l’autre. Mais les Armeniens et Tartarins deffirent grant quantité de gens d’icelui Souldan ; et tellement fist le roy d’Armenie, que pour la grant renommée qui estoit en Chippre de celle bataille qu’il avoit faite contre le Souldan, o l’aide des Tartarins, qu’il ne lui fut onques puis serf ne subgect. Et y eut beaucoup de noz gens qui passerent en Armenie pour aller en la bataille gaigner et prouffiter : desquelz onques puis n’en ouyt-on nouvelles.

Du souldan de Babiloine vous diray. Il se pensoit que le Roy allast guerroier le souldan de Hamault[1] qui estoit son ancien ennemy, et ainsi attendit le Roy jusques au temps nouvel, pour se vouloir joindre avecques luy à aller contre ledit souldan de Hamault. Et quant le souldan de Babiloine vit que le Roy ne venoit vers lui, il se partit, et alla assieger ledit Souldan devant la cité de Hamault mesmes, où il estoit. Et quant le souldan de Hamault se vit ainsi assiegé, il ne sceut pas trop bien comment se chevir[2]. Car bien savoit que si le souldan de Babiloine regnoit longuement, qu’il le conquerroit et confondroit. Mais il fist tant, par dons et promesses, à ung des varletz de chambre dudit souldan de Babiloine à qui il parla, qu’il le fist empoisonner. Et la maniere du faire fut que ce varlet de chambre, que on appelloit en office le serrais en leur mode, congnoissant que souventesfoiz aprés que le Souldan avoit joüé aux escheez, il se alloit couscher sur des nates qui estoient au pié de son lit, la nate sur laquelle se seoit tous les jours

  1. Souldan de Hamault : il faut lire sultan de Haman.
  2. Chevir : agir, se comporter.