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peurent estaindre ses gens à heure[1]. Mais nonobstant ce tint-il fort et ferme, sans estre vaincu des Sarrazins.

De la bataille de messire Guy Malvoisin descendoit la lice qui venoit clourre l'ost où j’estoys le long du fleuve, bien au gect d’une pierre legiere. Et passoit la lice par devant l’ost de monseigneur le conte Guillaume de Flandres : lequel ost estoit à couste, et s’estendoit jusques au fleuve, qui descendoit en la mer. Et à l’endroit et vis à vis du fleuve qui venoit de devers messire Guy Malvoisin, estoit nostre bataille. Et voians les Sarrazins que la bataille de monseigneur le conte de Flandres leur estoit en couste de leurs visaiges, ilz ne ouserent venir ferir en la nostre, dont je loüé Dieu. Car mes chevaliers ne moy n’avions pas ung harnois vestu pour les bleceures qu’avions euës en la bataille du jour de caresme-prenant, dont ne nous estoit possible vestir aucuns harnois.

Monseigneur Guilleaume conte de Flandres, et sa bataille, firent merveilles. Car aigrement et vigoureusement courirent sus à pié et à cheval contre les Turcs, et faisoient de grans faiz d’armes. Et quant je vy ce, commandé à mes arbelestriers qu’ilz tirassent à foison tretz sur les Turcs qui estoient en celle bataille à cheval. Et tantoust qu’ilz sentirent qu’on les bleczoit eulx et leurs chevaulx, ilz commancerent à fuir et à habandonner leurs gens à pié. Et quant le conte de Flandres et s’armée virent que les Turcs fuyoient, ils passerent par dessoubz la lice, et coururent sus les Sarrazins qui estoient à pié, et

  1. A heure : à propos.