Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/268

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paradis. Et ces choses vous ay racomptées, affin que congnoissez, comme je foiz et croy, que Dieu lui octroia ce que avez ouy cy-devant de lui.

Aprés ces choses, le bon Roy manda querir tous ses barons, chevaliers, et autres grans seigneurs. Et quant ilz furent devant lui venuz, il leur dist benignement : « Seigneurs et amys, or povez vous veoir et congnoistre clerement les grans graces que Dieu nostre createur nous a faites puis n’agueres, et fait par chacun jour, dont grans loüenges lui en sommes tenuz rendre : et que mardi darrenier, qui estoit caresme-prenant, nous avons à son aide chassé et debouté noz ennemys de leurs logeis et herbergemens, esquelz nous sommes logez à present. Aussi ce vendredi qui est passé nous nous sommes deffenduz à pié, et les aucuns non armez, contr’eulx bien armez, à pié et à cheval, et sur leurs lieux. » Et moult d’autres belles paroles leur disoit et remonstroit tant doulcement le bon Roy. Et ce faisoit-il pour les reconforter, et donner tousjours bon couraige et fiance en Dieu.

Et pour ce que en poursuivant nostre matiere il nous y convient entre-lacer aucunes choses et les reduire à memoire, affin d’entendre et savoir la maniere que le Souldan tenoit en la faczon de ses gensd’armes, et dont ils venoient ordinairement : il est vray que le plus de sa chevallerie estoit faicte de gens estranges que les marchans allans et venans sur mer vendoient, lesquelz gens les Egiptiens de par le Souldan achaptoient, et venoient d’Orient. Car quant ung des roys d’Orient avoit desconfit et conquis l’autre Roy, celui Roy qui avoit eu victoire, et ses gens, prenoient les