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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

pérance, détruisoit tous les projets ambitieux que le dépit avoit fait concevoir. Thibaut venoit de désobéir à Louis VIII au moment où ce prince fut attaqué de la maladie qui le conduisit au tombeau. On supposa, sans le moindre fondement, que sa haine pour le Roi et son penchant pour la Reine l’avoient entraîné à un forfait entièrement contraire à son caractère, et qu’il avoit fait empoisonner Louis VIII. Cette horrible imputation devoit lui inspirer l’indignation la plus forte contre les ministres de Blanche, et l’unir, en quelque sorte malgré lui, aux ennemis de cette princesse.

C’étoit à la bataille de Bouvines, donnée douze ans auparavant, que Philippe-Auguste avoit presque détruit la puissance des grands vassaux révoltés contre lui. Deux de ces princes étoient tombés entre ses mains, et se trouvoient encore étroitement gardés, l’un à Péronne, l’autre dans la tour du Louvre. Ferrand, comte de Flandre, époux de Jeanne, fille aînée de Baudouin, premier empereur de Constantinople, n’étoit que médiocrement regretté par sa femme, qui pensoit même, suivant quelques auteurs, à faire casser son mariage, pour contracter de nouveaux liens. Renaud, comte de Boulogne, d’un âge avancé, n’inspiroit pas plus de regrets à sa famille. Philippe son gendre, frère de Louis VIII, oncle du jeune Roi, prétendant à la régence, gouvernoit le fief de son beau-père, et ne faisoit aucun vœu pour la délivrance de ce prince. La Régente pouvoit profiter des dispositions de Jeanne et de Philippe pour les empêcher de se déclarer contre elle. Elle avoit en son pouvoir deux prisonniers dont la délivrance confondroit en un instant