Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/277

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que entre les conseils du Roy et du Souldan fut fait aucun parlement de accord et de paix faire entr’eulx : et ad ce fut mis et assigné jour. Et estoit le traicté de leur accord tel, que le Roy devoit rendre au Souldan la cité de Damiete. Et le Souldan devoit rendre au Roy tout le royaume de Jerusalem, et semblablement lui devoit garder tous les malades qui estoient dedans Damiete, et lui rendre les chairs sallées qui y estoient, parce que les Turcs et Sarrazins n’en mengeussent point : et aussi lui rendroit les engins du Roy. Et povoit le Roy envoier querir toutes ces choses audit lieu de Damiete. Que fut-il fait ? Le Souldan fist demander au Roy quelle seureté il lui bailleroit de lui rendre sa cité de Damiete. Et ad ce leur fut offert qu’ilz detiensissent prisonnier l’un des freres du Roy jusques à l’accomplissement de la promesse du Roy, ou le conte d’Anjou, ou le conte de Poitiers. Les Turcs de telle offre ne voulurent, ains demandoient en houstaige la personne du Roy. Et ad ce respondit le bon chevalier messire Geffroy de Sergines que ja n’auroient les Turcs la personne du Roy : et qu’il aymoit beaucoup mieulx que les Turcs les eussent tous tuez, qu’ilz leur fust reprouché qu’ilz eussent baillé leur Roy en gaige. Et ainsi demoura la chose. Tantoust la maladie dont je vous ay devant parlé commença à renforcer en l’ost : tellement qu’il failloit que les barbiers arrachassent et coupassent aux malades de celle maladie de grosse char qui surmontoit sur les gencives, en maniere que on ne povoit mengier. Grant pitié estoit là de oyr crier et braire par tous les lieux en l’ost ceulx à qui en couppoit celle char morte. Il me ressembloit de