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histoire

s’en allerent parler a ceulx de la Haulcqua, dont j’ay devant parlé, qui sont ceulx qui ont la garde du corps du Souldan. Et leur firent semblables remonstrances, comme ilz avoient euës entr’eulx ; et les requisdrent qu’ilz tuassent le Souldan. Et ainsi le leur promisdrent ceulx de la Haulcqua.

Et ainsi comme ung jour le Souldan convia à disner ses chevaliers de la Haulcqua, advint que aprés disner se voulut retirer en sa chambre. Et ainsi qu’il eut prins congié de ses admiraulx, ung des chevaliers de la Haulcqua, qui portoit l’espée du Souldan, ferit le Souldan sur la main, et la lui fendit jusques emprés le braz entre les quatre doiz. Et adonc le Souldan se retourna vers ses admiraulx qui avoient conclud le fait, et leur dist : « Seigneurs, je me plains à vous de ceulx de la Haulcqua, qui m’ont voulu tuer, comme vous povez veoir à ma main.» Et ilz lui respondirent tous à une voix, qu’il leur valoit beaucoup mieulx qu’ilz le tuassent que qu’il les fist mourir, ainsi qu’il le vouloit faire, si une foiz il estoit és forteresses de Damiete. Et saichez que cauteleusement le firent les admiraulx. Car ils firent sonner les trompetes et naquaires du Souldan ; et tout l’ost des Sarrazins se assembla pour savoir que le Souldan vouloit faire. Et les admiraulx, leurs complices et alliez disdrent que Damiete estoit prinse, et que le Souldan s’y en alloit, et leur avoit commandé que tous allassent en armes après lui. Et subit tous se armèrent, et s’en allerent picquans des espérons vers Damiete, dont nous autres fusmes à grant malaise. Car nous cuidions que de vray Damiete fust prinse.