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histoire

grant joie entre nous tous de la venue du frere du Roy. Et y eut ung pouvre pescheurs qui alla dire à la contesse de Poitiers, qu’il avoit delivré le conte de Poitiers des mains des Sarrazins ; et elle lui fist donner vingt livres parisiz. Et lors chacun monta en gallée.

Pas ne vueil oublier aucunes besongnes qui arrivèrent en Egipte tandis que nous y estion. Premièrement vous diray de monseigneur messire Gaultier de Chastillon, duquel je ouy parler à ung chevalier qui l’avoit veu en une ruë prés du Kasel, là où le Roy fut prins, et avoit son espée toute nue ou poing. Et quant il veoit les Turcs passer par celle ruë, il leur couroit sus, et les chassoit à tous les coups de devant lui. Et en fuiant de devant lui, les Sarrazins, qui tiroient aussi derrière comme devant eux, le couvrirent tout de pilles. Et me dist celui chevalier que quant messire Gaultier les avoit ainsi chassez, qu’il se deffichoit de ses pilles qu’il avoit sur lui, et se armoit de rechief. Et long-temps fut-il là ainsi combatant, et le vit plusieurs foiz se eslever. sur les estriefz, criant : « Ha ! Chastillon, chevalier ! Et où sont mes preudes hommes ? » Mais ne s’en trouvoit pas ung. Et ung jour après comme j’estois avec l’admiral des gallées, je m’enquis à tous ses gensd’armes s’il y avoit nully, qui en sceust à dire aucunes nouvelles. Mais je n’en peu jamés rien savoir, fors à une foiz que je trouvay ung chevalier qui avoit nom messire Jehan Frumons, qui me dist que quant on l’emmenoit prisonnier il vit ung Turc qui estoit monté sur le cheval de messire Gaultier de Chastillon, et que le cheval avoit la culliere toute