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de saint loys.

mil livres. Et je lui respondy que la malle adventure l’en faisoit parler, et que entre nous de Champaigne avion bien perdu au service du Roy trente-cinq chevaliers tous portans bannières de la court de Champaigne. Et dis haultement que le Roy ne faisoit pas bien s’il ne les retenoit, veu le besoing qu’il avoit de chevaliers. Et ce disant commençay à pleurer. Lors le Roy me appaisa, et me octroia ce que lui avois demandé : et retint tous ces chevaliers, et les me mist en ma bataille.

Quant le Roy eut ouy parler les messagiers des admiraulx d’Egipte, qui estoient venuz avecques messire Jehan de Vallance, et qu’ilz s’en voulurent retourner, le Roy leur dist qu’il ne feroit nulle trêve à eulx, premier qu’ilz lui eussent rendu toutes les testes des Chrestiens morts qui pendoient sur les murs du Quassere[1], dés le temps que les contes de Bar et de Montfort furent prins : et qu’ilz lui envoiassent aussi tous les enfans, qui avoient este prins petiz, qu’ilz avoient fait regnoier, et croire à leur loy : et oultre, qu’ilz le tiensissent quicte des deux cens mil livres qu’il leur devoit encores. Et avecques eux renvoia le Roy ledit messire Jehan de Vallance, pour la grant sagesse et vaillance qui estoit en lui, pour adnoncer de par le Roy le message aux admiraulx.

Durant ces choses le Roy se partit d’Acre, et s’en alla à Cesare avecques tout ce qu’il avoit de gens : et reffist faire les murs et cloaisons de Césare[2], que les Sarrazins avoient rompuë et abatuë. Et estoit à

  1. Du Quassere : du Caire.
  2. Cesare : Césarée.