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histoire

Quant vint le temps que nous fusmes prés de Pasques, je me parti d’Acre, et allé veoir le Roy à Cesaire, qu’il faisoit clorre et refermer. Et quant je fu vers lui, je le trouvay en sa chambre parlant avecques le legat, qui avoit tousjours esté avecques lui oultre mer. Et quant il me vit, il laissa le legat, et vint vers moy. Et me va dire : « Sire de Jonville, il est bien vray que je ne vous ay retenu que jusques à Pasques qui viennent. Pourtant je vous prie, que me dictes combien je vous donneray de Pasques jusques à ung an prouchain venant.» Et je lui dis, que je n’estoie mie venu devers lui pour telle chose marchander, et que de ses deniers ne voulois-je plus : mais qu’il me fist autre marché et convencion. C’est assavoir qu’il ne se courrousast de chose que lui demandasse, ce qu’il faisoit souvent ; et je lui promettois que de ce qu’il me reffuseroit je ne me courrousseroys mie. Quant il oit ma demande, il se commença à rire, et me dist qu’il me retenoit par tel convenant et pact. Et me prist lors par la main, et me mena devant le légat et son conseil, et leur récita la convencion de lui et de moy. Dont chacun fut joieux dequoy je demourois.

Cy-aprés orrez les justices et jugemens que je vy faire à Cesaire tandis que le Roy y séjourna. Tout premier d’un chevalier qui fut prins au bordel, auquel on partit un jeu[1] : ou que la ribaulde avecques laquelle il avoit esté trouvé le meneroit parmy l’ost en sa chemise, une corde liée à ses genitoires, laquelle corde la ribaulde tiendroit d’un bout ; ou, s’il

  1. 0n partit un jeu : on donna l’alternative.