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de saint loys.

riens n’en voulut faire. Et avecques le conte se trouva ung tres-notable clerc, qui estoit evesque de Rainnes[1], lequel avoit fait plusieurs beaux faitz de chevallerie en la compaignie du conte Gautier. Lequel evesque dist au conte : « Ne vous troublez mye en vostre conscience de l’excommuniement du patriarche, car il a tres-grant tort, et de ma puissance je vous absoulz on nom du Pere, et du Filz, et du Saint-Esperit, amen.» Et dist : « Sus, allon, marchon sur eulx.» Et lors ferirent des esperons, et se assemblerent à la bataille de l’empereur de Perse, qui estoit la derrenière ; en laquelle avoit trop grant foeson de gens pour la puissance du conte Gautier. Et là y eut d’une part et d’autre grant quantité de gens occis. Mais ce nonobstant fut prins le conte Gautier. Car tous ses gens s’enfuirent tres-dehonteusement, et plusieurs par desespoir s’en allerent gicter en la mer. Et la cause du desespoir fut par ce que l’une des batailles de l’empereur de Perse se vint combatre au souldan de la Chamelle, lequel se delfendoit à si grans coups, et par si tres-grans faitz d’armes, combien qu’il eust trop feble puissance contre celle bataille, que de deux mil Turcs il ne lui en demoura que environ de quatre-vingtz, et force lui fut soy retirer ou chastel de la Chamelle.

Et voiant l’empereur de Perse qu’il avoit eu victoire, print en lui conseil qu’il yroit assieger le Souldan jusques en son chasteau de la Chamelle : ce qu’il voulut faire. Mais saichez que icelui Souldan, comme bien advisé et conseillé, ses gens appella, et

  1. Rainnes : Rama.