Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/361

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
359
de saint loys.

n’eust peu dire que les Anglois eussent prins Jerusalem ; qui lui procedoit d’envie. Et ainsi qu’ilz estoient sur ces parolles, ce fut l’un des gens du roy d’Angleterre qui s’escria et lui dist : « Sire, Sire, venez jusques icy, et je vous monstreray Jerusalem. Et il gecte devant ses yeulx sa cocte d’armes tout en pleurant, et disant à Nostre Seigneur à haulte voix : Ha ! Sire Dieu, je te pry que je ne voie mye ta sainte cité de Jerusalem, puis que ainsi va que je ne la puis delivrer des mains de tes ennemis.»

Cest exemple fut monstre au roy saint Loys, pour ce qu’il estoit le plus grant roy des Chrestiens, et que s’il faisoit son pellerinage en Jerusalem sans la delivrer des mains des ennemis de Dieu, tous les autres roys qui viendroient audit veage se tiendroient apaiez[1] de faire seullement leur pelerinage, ainsi que auroit fait le roy de France.

Celui Richart roy d’Angleterre fist tant de faitz d’armes ou temps qu’il y fut, que quant les chevaulx aux Sarrazins avoient paeurs d’aucune umbre ou d’un buisson, leurs maistres leur disoient : « Cuides-tu, que le roy d’Angleterre y soit ? » Et ce disoient-ilz par coustume, par ce que maintesfoiz il les avoit desconfitz et vainquz. Et pareillement quant les petitz enfans des Turcs et Sarrazins crioient, leurs meres leur disoient : « Tays-toy, tays-toy, ou je yray querir le roy Richart d’Angleterre.» Et de paeurs qu’ilz avoient, ilz se taisoient, comme j’ay dit par cy-devant.

Du duc de Bourgoigne Hugues, dont aussi ay devant parlé, vous diray. Il fut moult bon chevalier de sa

  1. Se tiendroient apaiez : croiroient avoir assez fait.