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de saint loys.

en faczon qu’il en viengne desormais plus de prouffit au royaume de Jerusalem. Pour ce nous vous conseillons tous ensemble que vous en aillez en Acre, et là commencez à faire mectre sus et a point vostre passage, à l’environ de ceste caresme : parquoy vous puissez retourner seurement en France.» Et ainsi par leur conseil le Roy se partit de Sajecte, et s’en vint à Sur, là où nous avions amené la Royne et ses enfans. Et à l’entrée de caresme vinmes en Acre tous ensemble.

Tout le caresme le Roy fit apprester ses nefz, pour s’en revenir en France. Dont il y avoit quatorze, que nefz, que gallées. Et la vigille de la feste saint Marc aprés Pasques, le Roy et la Royne se recuilirent en leur nef : et commença tout à s’esbranler sur mer, et eusmes assez bon vent au partir. Et me dist le Roy qu’il avoit esté né le propre jour saint Marc. Et je lui dis qu’il povoit bien dire que encore il y avoit esté né, et que assez estoit rené qui eschappoit de celle perilleuse terre ou nous avions esté tant longuement.

Le sabmedi ensuivant nous arrivasmes en l’isle de Chippre. Et y avoit une montaigne emprés l’isle, qu’on appelloit la montaigne de la Croix : à laquelle montaigne on congnoissoit de loing qu’on approuchoit de ladite isle de Chippre. Et saichez que celui sabmedi sur le vespre se leva une tres-grant bruyne qui descendit de la terre en mer : et tellement que nos mariniers cuidoient estre beaucoup plus loing de l’isle qu’ilz n’estoient. Car ilz perdirent la montaigne de veuë, pour ladicte bruyne. Et advint que pour cuider arriver de heure à l’isle, noz mariniers s’effor-