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histoire

manda, sur la foy et loiauté qu’ilz lui dévoient, si la nef estoit leur, et qu’elle fust plaine de marchandises, savoir s’ils en descendroient. Et ilz lui respondirent tout ensemble que nenny : et qu’ils aimeroient mieulx mectre leurs corps en adventure, que de lesser perdre une telle nef, qui leur cousteroit quarante ou cinquante mil livres. « Et pourquoy, fist le Roy, me conseillez-vous donques que j’en descende ? » Et ilz lui respondirent : « Sire, vous et nous n’est pas tout ung, ne jeu pareil. Car or ne argent ne pourroit estre si grant qu’il fust prisé ne estimé comme le corps de vous, de la Royne vostre espouse, et de voz trois enfans que avez cy. Et pourtant, jamais ne vous conseillerions que vous vous meissez en tel dangier et adventure.» « Or vous diray-je, fist le Roy, le mien conseil et advis. Que si je descens de ceste nef, il y a cinq ou six cens personnes ceans qui demoureront en l’isle de Chippre, pour la paeur du peril de la nef où sont leurs corps. Et n’y a, fist le Roy, celui ceans qui n’ayme autant son corps comme je fois le mien. Et si une foiz nous descendons, jamais n’auront espoir de retourner en leur païs. Pourtant vous dy que j’aime mieulx mectre moy, la Royne et mes enfans en dangier, et en la main de Dieu, que de faire tel dommage à si grant peuple, comme il y a ceans.»

Le grant mal et dommage que le Roy eust fait s’il fust descendu, bien y apparut en messire Olivier de Termes, le puissant chevalier qui estoit en celle nef où estoit le Roy. Lequel messire Olivier estoit l’un des plus vaillans et des plus hardiz hommes qu’onques