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de saint loys.

Dieu, ne sa digne mere, ne aucun saint ne sainte. Et quant il vouloit affermer aucune chose, il disoit : « Vraiement il est ainsi,» ou : Vraiement il n’en va pas ainsi.» Et bien apparut que pour nulle rien il n’eust voulu regnier ne jurer Dieu, quant le Souldan et les admiraulx d’Egipte lui voulurent faire regnier Dieu pour la foy bailler, ou cas qu’il ne tenoit l’appointement de paix qu’ils vouloient faire. Car le saint Roy, quant il y fut ainsi rapporté que les Turcs vouloient qu’il fist tel serement, jamés ne le voulut faire, ains plustoust eust amé mourir, comme est dit devant. Jamais ne lui ouy nommer ne appeller le deable, si n’avoit esté en aucun livre, là où il le faillist nommer par exemple. Et est une tres-honteuse chose au royaume de France de celui cas, et aux princes de le souffrir ne oyr nommer. Car vous verrez que l’un ne dira pas trois motz à l’autre par mal, qu’il ne die : « Va de par le deable,» ou en autres langaiges. Le saint Roy me demanda une foiz si je lavoys les pieds aux povres le jour de jeudi absolu en caresme. Et je lui respondy que non, et qu’il ne me sembloit mye estre chose honneste. Adonc le bon Roi me dist : « Ha ! Sire de Jonville, vous ne devez pas avoir en desdaing et despit ce que Dieu a fait pour nostre exemple, qui les lava à ses apoustres, lui qui estoit leur maistre et Seigneur. Et croy que bien à tart feriez ce que le roy d’Angleterre, qui à present est, fait. Car à celui jour du jeudi saint il lave les piedz aux mezeaux, et puis les baise.»

Avant que le bon Seigneur Roy se couchast, il avoit souvent de coustume de faire venir ses enfans devant lui, et leur recordoit les beaux faitz et ditz des roys