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de saint loys.

vouldront ensuir[1]. Aussi grant deshonneur sera à ceulx de son lignaige qui ne le vouldront ensuir, et seront monstrez o le doy en disant que à tart[2] le bon saint homme eust fait telle mauvaistié ou telle villennie.

Aprés que ces bonnes nouvelles furent venues de Homme, le Roy donna et assigna journée pour lever le saint corps[3]. Et le leverent l’arcevesque de Reims qui lors estoit, messire Henry de Villiers arcevesque de Lyon, qui estoit lors, le porterent devant : et plusieurs autres arcevesques et evesques le portoient aprés, dont je ne sçay les noms. Aprés qu’il fut levé, frere Jehan de Semours le prescha devant le monde ; et entre autres de ses faitz rameuta souvent une chose que je lui avois dicte du bon Roy : c’estoit de sa grant loiaulté. Car, comme j’ay devant dit, quant il y avoit aucune chose promise de sa seulle et simple parolle aux Sarrazins ou veage d’oultre mer, il n’y avoit remede qu’il ne la leur tiensist selon sa promesse. Ne pour avoir perdu cent mil livres, il ne leur eust voulu faillir de promesse. Aussi prescha ledit frere Jehan de Semours toute sa vie, comme elle est cy-devant escripte. Tantoust que le sermon fut finé, le Roy et ses freres remporterent le corps du Roy leur pere en ladite eglise de saint Denis, avecques l’aide de leur lignaige, pour faire honneur au corps, qui grant honneur avoit fait, si à eulx ne tenoit, ainsi comme j’ay dit devant.

Encores escripray-je quelque chose en l’onneur du

  1. Voire ceulx qui le vouldront ensuir : aussi à ceux qui voudront l’imiter.
  2. A tart : jamais.
  3. Pour lever le saint corps : le corps de saint Louis fut transporté, en 1298, de Saint-Denis à la Sainte-Chapelle de Paris. Boniface VIII avoit accordé des indulgences à tous ceux qui assisteroient à cette translation.